Cet article met en évidence un fait de société qui se visibilise de plus en plus : l’homosexualité, la bisexualité. Comment se sentir bien avec soi-même et en équilibre lorsqu’on découvre son orientation sexuelle ? 

Pour faire suite aux Marches des Fiertés qui se clôturent bientôt [1], j’ai eu envie de partager un article sur la thématique de l’orientation amoureuse pour des personnes du même sexe. C’est une orientation qui se visibilise de plus en plus, et ce sont des personnes que j’accompagne davantage en consultation thérapeutique pour les aider dans la compréhension de leurs désirs, dans leurs coming-out, ou simplement dans leurs relations amoureuses.

Dans mon parcours, je me suis sensibilisée à ces accompagnements entre autre avec l’association SOS homophobie (https://www.sos-homophobie.org/), j’ai participé à des cercles de paroles (Tentes arc-en-ciel) pour les femmes lesbiennes, bi, ou en questionnement, et je suis en relation avec l’association mapsyestlesbienne pour accompagner avec le plus de justesse les personnes LGBT [2], une population qui rencontre aussi des discriminations au sein de cabinets de psychologie ou de psychothérapie.

Les séries, le cinéma, la culture contribuent à la visibilité de relations avec des personnes du même sexe, favorisant ainsi le changement des mentalités dans nos sociétés, le respect, et l’épanouissement de ces personnes. Cette visibilité facilite le chemin de ces individus sur leurs réels désirs et leur sentiments profonds.

On ne choisit pas son orientation sexuelle

Tout d’abord, reposons une base évidente, mais qui a besoin d’être rappelée :
On ne choisit pas son orientation sexuelle ou amoureuse, que l’on soit hétéro, bi, homo, ou pansexuel.le [3].

S’il était vrai que le choix était possible, aux vues de la société encore largement discriminante dans laquelle nous vivons, les personnes désirant ou aimant des personnes du même sexe ou du même genre, choisiraient ce qui est le plus facile, c’est-à-dire l’hétérosexualité. Et les études ne montreraient pas autant de tentatives de suicide suite à la découverte de son orientation amoureuse autre que hétéro en particulier chez la jeunesse des 14-25 ans.

Petite parenthèse historique : l’homosexualité, la bisexualité ont toujours existé quelques soient les époques. Et la proportion hétéro/lgbt est toujours la même quelque soit le pays sur la planète. Non, il n’y a pas des pays où cela n’existe pas. Il y a juste des pays qui les interdisent et les punissent de mort.

Définir son orientation sexuelle

Notre monde pose des mots pour définir les orientations, il est parfois bon et aidant pour les jeunes et les moins jeunes de pouvoir nommer son identité. Cela permet de donner des repères dans une cité largement hétéronormée.

Mais l’identité peut être changeante. Elle n’est pas une étiquette qui scotche un état pour toujours. Et c’est d’ailleurs ce qui est observé comme fait de société actuellement: de plus en plus de personnes sont dites, ou se nomment « fluides » dans leur orientations amoureuses (ou de genre – autre sujet sur lequel je reviendrai dans un prochain article).

Elles osent expérimenter, se rencontrer, se découvrir et surtout aimer et s’épanouir dans des relations avec des personnes du même sexe, ou du même genre.

Il est aussi parfois difficile d’identifier vers qui nos élans amoureux ou sexuels sont tournés. C’est dans des moments délicats comme ceux-là qu’il est important de ne pas rester seul.e avec ces questionnements. Car si ces aspirations restent refoulées, elles peuvent se transformer en insatisfaction chronique, et amener des états dépressifs ou émotionnels difficiles à vivre au quotidien.

L’accompagnement thérapeutique devient alors un bon soutien pour aider à y voir plus clair, comprendre ce qui se passe en vous, et arriver à être heureux.se avec qui vous êtes. Il vous accompagne sur l’identification de vos préférences sexuelles, amoureuses, sensuelles, et savoir
comment vérifier ces aspects de vous-même.

Il n’y a pas d’âge pour se découvrir dans son cœur amoureux, c’est que je trouve fabuleux dans cette époque qui permet cette visibilité. Je rencontre de plus en plus de femmes et d’hommes qui se révèlent dans leur homosexualité en milieu de vie, entre 40 ans et 50 ans. La maturité, l’affirmation de soi soutiennent la libération de ses désirs jusque-là peu voir non reconnus. Une autorisation que l’on se donne enfin après s’être affranchi de certaines attentes ou du regard extérieur construit en soi-même.

Il y a néanmoins parfois des peurs qui limitent le passage vers cette rencontre, ces rencontres amoureuses.

Souvent, de manière inconsciente, perdure le poids moral porté sur le désir, la sexualité (plus que sur l’amour finalement) d’une société, et des familles qui s’y sont conformées.

Alors, j’aime à nous questionner :

– Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que le désir ? D’où viennent-ils ?
– Les notions de désirs, plaisirs, amours, prennent-elles racines dans une culture sociale, religieuse ?
– Ces manières d’aimer se transmettent-elles de générations en générations par fidélité simple ou fidélité contraire ?
– Où se cachent les clichés, les inhibitions, les tabous, les besoins de reconnaissances et d’appartenance, les phénomènes de mode, les affranchissements ?
– Comment aimons-nous ?
– Qui (à travers moi) aime quand j’aime ?

– Et y a-t-il une direction en Amour ?

Ces questionnements permettent de mettre de la clarté sur nos peurs, nos limitations, nos frustrations, etc.

Assumer son homosexualité ou bisexualité commence avec l’acceptation de son identité en soi-même.

L’orientation amoureuse est une caractéristique unique, comme tant d’autres telle que la couleur de nos yeux, nos passions, nos traits de personnalité.

Si cette situation vous concerne :
Sachez que personne n’a le droit de vous empêcher d’aimer qui vous voulez. C’est votre droit d’aimer la personne vers qui votre cœur ou votre corps s’anime.

De même, assumer son orientation amoureuse n’a rien à voir avec le fait de rentrer dans des stéréotypes gays ou lesbiens ou même de s’y conformer. Vous pouvez vous défaire des idées reçues telle que : être homosexuel.le fait de vous une personne dite moins « masculine » ou moins « féminine ». Vous êtes qui vous êtes, votre expression de genre ne détermine en rien votre orientation sexuelle ou amoureuse.

Ensuite, et malgré les transformations de la société, des discrimination subsistent. Il est essentiel de vous éloigner de personnes qui vous jugeraient ou tenteraient de vous faire changer.

On ne peut pas faire changer l’orientation amoureuse ou sexuelle d’une personne, n’en déplaise à ceux qui prônent la thérapie de conversion (parfois appelée thérapie de réorientation sexuelle ou bien encore thérapie réparatrice par ses défenseurs, est un ensemble de traitements pseudo-scientifiques d’origines diverses utilisés dans le but controversé de tenter de changer l’orientation sexuelle d’une personne de l’homosexualité ou de la bisexualité à l’hétérosexualité ou de changer l’identité de genre d’une personne de la transidentité à la cisidentité. La loi interdisant cette pratique en France n’est passée que le 1er février 2022 !).

Si vous vivez du harcèlement, de l’oppression ou des agressions, il est important de ne pas rester seul.e avec ça. Parler avec une ou des personnes qui peuvent vous accueillir, vous comprendre et vous soutenir, ou un professionnel de santé sensibilisé à ces questions là, est nécessaire pour être soutenu.e et encouragé.e dans l’affirmation de qui vous êtes.

Une fois que l’on a accepté son orientation homo, bi ou pansexuel, il y a souvent un chemin à faire
pour en informer son entourage, en particulier avec la famille.

Si vous avez une famille ouverte qui vous aime telle que vous êtes, le coming-out se fera sans problème.

Si vous sentez qu’il peut y avoir des résistances, commencez peut-être par en parler avec un membre de votre famille avec qui vous êtes assez proches et avec qui vous vous sentez assez en confiance. Il pourra vous aider à annoncer la nouvelle aux autres membres de la famille.

Si vous savez que votre famille n’acceptera pas votre orientation amoureuse (pour des raisons religieuses, morales, ou autres), là aussi, prenez le temps d’aller trouver quelqu’un qui pourra vous soutenir dans ce processus, cette épreuve.

Et puis, il n’y a jamais aucune obligation de révéler à tous votre orientation. C’est à vous seul.e de sentir votre besoin de le dire, à qui et à quel moment.

Pour conclure, je dirai que se reconnaître dans son attirance amène à une émancipation, une libération de certaines empreintes ou schémas archaïques, et permet d’entamer un chemin d’épanouissement qui passe par la rencontre amoureuse et une sexualité consciente partagée. Et surtout, ouvre sur une réalisation intime de votre être, favorisant le bonheur et la plénitude.

Que vous soyez homme ou femme ou autre (personne non-binaire, personne trans, intersexe…) et que vous aimiez un homme, une femme, ou autre (personne non-binaire, personne trans, intersexe…), je vous souhaite un délicieux voyage avec vous-même et ce que vous vous permettrez de vivre et partager avec cet autre, ces autres.

Marion Rebérat

– Si vous utilisez ce texte, merci de nommer vos sources, nom de l’autrice et du site internet –

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[1]La Marche des Fiertés est une manifestation festive qui permet de revendiquer la place des personnes LGBTQIA+ au sein de notre société et de lutter contre les LGBTphobies qui persistent. Elle donne une visibilité aux luttes LGBTQIA+ et s’affirme comme un symbole de liberté.
[2]LGBT : Lesbienne, Gay, Bi, Trans. QIA + : Queer, Intersexe, Asexuel, + pour autres.
[3]La pansexualité se définit comme l’attirance sexuelle, émotionnelle, romantique ou spirituelle pour d’autres personnes sans considération de leur sexe biologique, de leur expression de genre ou de leur orientation sexuelle.