Produite par le corps, et résonnant grâce à lui, la voix est intimement liée au corps. Le travail de la voix va impliquer de créer du lien conscient entre le corps et l’esprit, entre l’être-matière et l’être-spirituel. Et d’un point de vue symbolique, entre la Terre et le Ciel. Cela va induire un véritable processus d’ancrage, pour « incarner » la voix et lui donner à la fois force et subtilité, puissance et nuances, afin qu’elle puisse porter au mieux l’expression de ce que nous sommes.

approfondir l’ancrage

Notre corps, c’est la « partie matière de notre être », notre lien à la Terre.

Nos habitudes sociales nous amènent, pour la plupart d’entre nous à cette époque, à vivre dans les hautes sphères du mental. Notre éloignement de la terre et du travail physique augmente ce processus de désincarnation. Cela peut amener à se sentir ballotté par les mouvements émotionnels ou mental et avoir la sensation de manquer de stabilité. En ramenant notre attention dans le corps, à nos sensations, nos émotions, nous nous relions au présent, nous rappelons notre existence au réel.

Au niveau du travail de la voix, affiner notre conscience corporelle et laisser affleurer l’émotionnel lorsque l’on chante va faciliter l’expression en général et agir sur la qualité de la voix. Beaucoup des exercices d’échauffement dans ce travail concernent l’ancrage et ont pour but de nous ramener au corps, à travers la présence aux sensations.

Il s’agit également de conscientiser notre relation au sol, à la terre, de réinformer le corps qu’il peut s’autoriser à s’abandonner à la gravité, et le rendre disponible à la mobilisation dans le relâchement. Se souvenir que le corps lui-même est de la terre !

S’impliquer sans tension, dans le chant comme dans la vie

Détente et implication sont deux composantes essentielles du chant. De ce juste équilibre va dépendre la qualité du chant.

La détente provient de notre capacité à nous déposer dans l’instant, à faire confiance. Certaines parties de notre corps ont des crispations si anciennes que nous n’en avons pas même conscience. Le jeu, le rire, très présents dans la pratique, vont aider à fluidifier.

D’autre part, chanter engage notre capacité à nous impliquer, à mobiliser notre corporalité pour produire le son. Lorsque nous entrons dans ce travail vocal en individuel, même en stage, nous appelons la concentration et l’implication totale dans le geste. C’est cela ce que j’appelle « habiter sa voix ». C’est cela « Habiter sa terre ». C’est rassembler tout ce que je suis dans l’instant pour l’offrir à la Présence dans une expression pleine, entière et authentique. Si nous étions ainsi à chaque instant de notre vie, comme sur la scène, je suis convaincue que nous vivrions dans un état de grâce perpétuelle !

Le Rythme, un lien puissant à la Terre

Notre respiration, en soi, joue un rythme, c’est une musique infinie depuis notre premier souffle sur terre, jusqu’au dernier.

J’aime jouer en stage avec le rythme. Nous utilisons la marche comme repère, nous frappons la terre du pied. Dans la répétition d’un rythme, nous nous relions aux cycles.

Certaines cultures comme celles des Pygmées pratiquent ces jeux rythmiques et mélodiques de façon quotidienne, ces chants sont magnifiques, très énergisants et d’une richesse difficile à cerner pour nos musicologues! Les enfants pygmées, dès leur plus jeune âge, apprennent à chanter avec les adultes et vont même souvent lancer le jeu. Les adultes vont ajouter ensuite des éléments plus complexes à partir de cette proposition. Ainsi, chacun contribue à l’harmonie, chacun a sa place. Les enfants participent aussi aux rituels.

J’aime l’histoire qui raconte que les premiers voyageurs occidentaux chez les pygmées ont pensé que ces chants étaient totalement démunis de structure. C’est en faisant des études poussées bien plus tard que les musicologues en ont saisi la complexité, si grande que notre oreille ne pouvait pas l’entendre ! Inspirés de l’écoute de la nature à laquelle ils sont totalement intégrés, ces chants reproduisent des cycles, des sons qui ne sont parfois plus à notre portée d’urbanisés.

Chez les Inuits, l’inspire est utilisée dans le chant, on chante aussi en inspirant ! En plus d’être très ludique, cela permet de se réchauffer ensemble.

En pratiquant ces chants on se rend compte de l’importance du relâchement du corps, du diaphragme notamment, dans la pratique rythmique. Le souffle, mouvement cyclique du corps, devient alors un allié pour pouvoir s’abandonner dans le chant rythmé, créant une structure.

Le chant au service du rituel chamanique

Ce n’est pas un hasard si dans presque toutes les cultures dites « traditionnelles », le chant a servi les rituels. En effet au-delà de l’effet de cohésion sociale ou d’appartenance à un groupe, le chant permet de se relier à la terre, à la natureÀ un autre niveau, il induit des transformations vibratoires qui peuvent donner accès à des dimensions plus subtiles. Le chaman utilise le chant, le son de sa voix pour sublimer la portée du rituel de guérison ou de célébration, tout comme certains thérapeutes les utilisent.

De nos jours la science et les spiritualités s’accordent sur le fait que nous sommes vibrations et que le son, la voix notamment, agit sur la matière et donc le corps physique.

En cela ce travail de la voix, associés aux rituels chamaniques engage des transformations dans l’être à tous les niveaux. L’ancrage qui s’accroît lors des stages va accompagner un processus de facilitation à vivre les mouvements émotionnels.

Je peux témoigner comme ma sensibilité s’est ravivée, petit à petit, grâce à la voix. Personnellement ce travail m’a aidé à me libérer de certaines couches d’une carapace et de compulsions qui servaient à l’entretenir!

Dans ce prochain stage, à travers le travail de libération de la voix, la pratique des chants polyphoniques et poly-rythmiques, le travail corporel, à travers des rituels, nous irons revisiter notre lien à notre voix, notre corps et à notre mère la Terre.

Bienvenue pour ces explorations et renforcements soutenus par la force du collectif et un accompagnement bienveillant et sécurisant.


Autrice : Delphine CAM, professeure de voix et chanteuse – https://www.voixonde.com/

 

Prochain stage rituel : VOIX ET CHAMANISME « habiter sa terre, habiter sa voix, incarner son chemin de vie » en collaboration avec Delphine Cam, professeure de voix et chanteuse, du 5 au 7 Juillet en Lozère.

Toutes les informations ici : https://www.terre-happy-universelle.fr/stages-2/stage-chamanisme-voix-cevennes

N’hésitez pas à me contacter si besoin.

Contact : Marion Rebérat 06 75 93 59 32

Crédit Photo : Max Resdefault

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