Voici un voyage dans le rêve et la réflexion qu’il ouvre,

La fonction du rêve à notre époque et à replacer au sein d’une culture,

et des pratiques rituels autour du rêve, favorisant son souvenir et son exploration.

Le rêve est un clé de l’identité au caractère sacré, qui interroge et crée du lien entre des mondes apparemment séparés.

Travailler sur l’identité dans les rêves, c’est comme rêver un monde où l’homme apprendrait à devenir conscient de sa responsabilité d’homme vis-à-vis du cosmos, de l’univers, de l’humanité.

Le monde du rêve qui me passionne…

Le rêve est un monde qui me passionne depuis longtemps.

Ma grand-mère me faisait raconter mes rêves dès ma tendre enfance, et dès que j’ai su écrire, je pris l’habitude de les noter de manière régulière.

Lors de mes études en psychothérapie jungienne, j’ai rempli des carnets et des carnets de rêves pour avoir matière à exploration.

J’y ai puisé compréhension, connaissance, révélations, aides pour ma vie de tous les jours.

Ensuite, sur la voie chamanique que j’ai emprunté, le rêve a pris d’autres formes, parfois guérisseurs ou prophétiques. Il m’a permis de jouer avec les réalités des mondes, de comprendre le pouvoir de créations de mon propre monde.

C’est un outil que j’utilise et propose lors des accompagnements thérapeutiques, de cercles et de stages.

Le rêve, entre rêve et réalité, des réflexions

Le rêve est-il un lieu ? Un monde ? Un espace ? Un panier rempli de symboles ?

En lien avec son étymologie, serait-il une divagation, une manière de s’évader d’un certain monde ?

Nous disons le « monde du rêve » serait-il alors une planète sur laquelle nous atterrissons ? Et quand je dis « nous », serait-ce alors notre double d’énergie, notre âme qui part en balade ?

Est-il e souvenir d’une excursion nocturne ?

Le rêve est-il une coupe pleine d’images qui voyagent et entrent en soi ? Une rencontre avec ses autres « moi » ?

Le rêve a de tout temps été un rendez-vous du sommeil qui a attiré l’attention de nombreuses cultures humaines.

Le rêve appartient au domaine de l’esprit, du psychisme et aussi de la spiritualité.

Accueilli comme prophétique, communication avec le divin, initiatique, transformateur, ou déchargement, il est un carrefour entre l’inconscient, l’irrévélé, le futur et le passé, l’émergence du monde, les aspects primitifs en soi.

Le rêve interroge sur la place de la dite réalité, et pose une question métaphysique :

Sommes-nous des rêveurs ? Et/ou sommes-nous rêvé ? Puisqu’il n’y a pas de

volonté ou de contrôle sur le rêve (ou peu )…

Y a-t-il un Grand Être qui nous rêve ?

En ce moment même êtes-vous sûr d’être éveillé ?

Comment êtes-vous sûr que vous n’êtes pas en train de rêver ?

Rêvons-nous notre vie avant de la vivre ? Vivons-nous le rêve que la vie a insufflé ?

Autant d’interrogations qui permettent une mise en relief de la réalité, et

d’appréhender la multidimension du monde comme celle de notre monde intérieur.

Rappelez-vous cette fameuse illustration avec cet exemple taoïste du philosophe chinois Zhuangzi ou Tchouang-Tseu (vers 370-300 av. J.C.) avec son fameux « rêve de Zhou » :

« Un jour, Zhuang Zhou rêvait qu’il était un papillon : il en était tout aise, d’être papillon ; quelle liberté ! quelle fantaisie ! Il en avait oublié qu’il était Zhou. Soudain il se réveille, et se retrouve tout ébaubi dans la peau de Zhou. Mais il ne sait plus si c’est Zhou qui a rêvé qu’il était papillon, ou s’il est un papillon qui rêve d’être Zhou. »

La fonction du rêve

Le rêve fait partie de nos vies (humaine et animale), que l’on s’en souvienne ou pas, il est actif toutes les nuits, à chaque fois que nous nous endormons.

Le sommeil paradoxal, et par conséquent les premiers rêves chez les animaux, seraient apparus chez un des premiers mammifères, il y a environ 200 millions d’années. Puis serait réapparu de manière indépendante chez les premiers oiseaux.

Aujourd’hui, cette phase de sommeil paradoxal d’où le rêve émerge est associée à une activité cérébrale intense, proche de l’éveil les yeux ouverts, c’est avec ses observations que le rêve devient le troisième état physiologique du cerveau (ni l’état éveillé, ni le sommeil).

La fonction du rêve est à replacer dans la culture où il est émerge. La relation aux rêves prend aussi son sens en fonction de l’endroit où il survient.  Bien que grâce aux travaux de C.G. Jung entre autre, nous savons qu’il y a un champ d’inconscient collectif et archétypal qui relie les cultures à travers le monde et le temps, la manière dont un peuple relationne avec le monde du rêve est un aspect essentiel à considérer dans la façon de traiter le rêve.

Il peut être le message d’un ange, le voyage de l’âme hors du corps, l’expression d’un refoulé, il peut être visité et interprété en groupe et pour la tribu, ou seulement en individuel pour le sujet en question, ou être un compromis entre l’individu et la société, etc.

Dans nos sociétés européennes, cela fait maintenant plus de 3000 ans que les philosophes-médecins ont perçu le rêve – en plus d’être sacré ou divin – comme une manifestation du corps et un langage de la psyché humaine en lien avec la vie de jour, le vécu du quotidien, pouvant apparaître même comme garde-fou.

La fonction de base du rêve apparaît clairement comme l’accomplissement d’un désir et le maintien ou rétablissement d’un équilibre psychique.

À travers lui, notre personnalité s’émancipe des limites imposées par la matière, le rôle, les règles en place dans notre quotidien. Elle s’affranchit du temps et de l’espace, et permet d’accéder au surnaturel.

Y aurait-il alors une clé des songes ? Des clés pour accéder à ce langage propre à chaque individu ? Une langue avec laquelle se familiariser, des hiéroglyphes à apprivoiser pour déchiffrer la communication qui tente de s’établir entre notre monde intérieur et notre conscience ?

En effet, il semblerait que l’interprétation du rêve serait une des voies royales menant à la connaissance de notre inconscient (qui échappe à notre conscience).

Élucider le contenu du rêve à travers le récit que la.le rêveur.se en fait serait comprendre la mise en scène théâtrale de notre psyché.

« Nous devons gérer les rêves avec des nuances, comme des œuvres d’art, pas logiquement ou rationnellement comme on peut porter un jugement. »

C.G. Jung

Les rituels autour du rêve

Le monde du rêve – ou plutôt les rêveur.se.s, en particulier les guérisseuses et guérisseurs, les shamans, les sorcières et sorciers, ont crée de nombreux rituels… pour en favoriser le souvenir, approfondir le type de rêves, ou encore à créer des rêves lucides ou prophétiques.

Voici quelques exemples de rites autour du rêve :

– Dans de nombreux peuples amérindiens, on retrouve la création d’attrapeur de rêves qui favorise le souvenir des rêves, et filtrent les bons rêves des cauchemars. Le premier rituel de la journée qu’ils s’offrent au réveil lorsque les membres de la famille se retrouvent c’est alors de se raconter ses rêves, autant les enfants que les adultes participent à ces contes du matin. Les enfants particulièrement vont être guidés pour agir de tel ou tel manière dans de prochains rêves.

Pour les femmes en particulier, on retrouve aussi des connaissances sur les types de rêves qui sont émis, reçus, en lien avec son cycle menstruel et les cycles de la lune. Les hommes ont aussi leur cycle, et en lien avec leur féminin, ils peuvent tout autant observer les types de rêves en lien de pleine lune, nouvelle lune, et leur ciel astrologique.

Le rituel d’incubation que l’on retrouve dans diverses cultures consiste s’allonger et s’endormir dans un lieu sacré (temple, menhir, cercle de guérison, etc.) pour recevoir une information nécessaire à son chemin de vie, des guérisons, ou encore l’intégration d’énergie de vie, offert par le lieu ou la relation aux esprits ou au divin de l’endroit. Ce rituel d’incubation peut aussi se réaliser sur ou près de la tombe d’un ancêtre pour établir une communication avec lui.

– Dans tous les continents, on retrouve l’usage des herbes de rêves. De l’Asie à l’Afrique, en passant par l’Europe et les Amériques, des plantes se sont présentées aux Hommes pour leur permettre d’approfondir le voyage onirique. Les plantes à rêves réveillent progressivement les mémoires des rêves, aident à reconnecter à des hauts niveaux de créativité, ouvrent sur des odyssées nocturnes riche de sens. Certaines plantes sont utilisées en fumigation dans la chambre à coucher avant de s’endormir pour protéger, faciliter les visions claires des rêves. D’autres peuvent être utilisées à fumer ou en infusion, pour rencontrer des rêves innovants, balayer les cauchemars et angoisses nocturnes, pour détendre le corps et ainsi faciliter des sorties de corps, des voyages astraux, etc.

– Et puis, chez nous, à notre époque, se constitue des cercles de rêveurs, des groupes de rêves, où on œuvre sur un rêve de nuit, ensemble. Le groupe devient moteur, témoin, acteur du rêve. On rentre dans le songe individuel et collectif. On ouvre une porte de l’inconscient individuel et collectif. Et alors, le cercle devient un athanor, un chaudron de symboles qui remuent les couloirs du monde endormi pour le réveiller des zones non-éclairées.

Chaque tribu et civilisation ont reconnu et reconnaissent l’importance du Rêve dans le développement du potentiel humain et le maintien de son bien-être personnel et communautaire.

Elles y voient un moyen de se rappeler Qui l’on Est et ce pour quoi l’on est ici, sur Terre…

EN CONCLUSION

Le rêve reste un mystère même si nous appréhendons certains de ses aspects en devenant des psychonautes 1 et en approfondissons nos connaissances à ce sujet au fil des siècles.

Les rêves sont des guides pour notre chemin de vie. Dans des moments plus compliqués de notre vie, ils apparaissent comme des éclairages sur nos processus internes, à propos de parties de soi ignorées ou des ressources que nous portons en nous.

Parler avec ses rêves, entrer dans le monde symbolique, mythologique du rêve, c’est aller vers la compréhension de sa personnalité, passer du « qui suis-je ? » au « je suis. » en mouvement…

D’un point de vue plus poétique ou philosophique, le rêve représente l’autre possible, ce vers quoi on tend, ce que l’on souhaite incarné.

Alors, si on apprenait à rêver ensemble ? Et à manifester le Grand Rêve ?

Rêves-tu ? Souhaites-tu apprendre à te souvenir ?

Souhaites-tu approfondir ta compréhension à tes rêves ?

Tu as envie de me partager ta relation au monde onirique, laisse un commentaire ou envoie-moi un mail.

« Le rêve est une porte étroite, dissimulée dans ce que l’âme a de plus obscur et de plus intime; elle ouvre sur cette nuit originelle cosmique qui préformait l’âme bien avant la conscience du moi et qui la perpétuera bien au-delà de ce qu’une conscience aura jamais atteint. » C.G. Jung

Marion Rebérat

– Si vous utilisez ce texte, merci de nommer vos sources, nom de l’autrice et du site internet –

1 *explorateur de la psyché, personne usant d’état de conscience altéré ou non afin d’explorer son esprit, sa conscience.