Je partage, dans cet article, mon parcours dans le monde rituel, ses origines et ses fonctions d’un point de vue sociale, mais aussi individuel et psychique.

Le rite vient donner une cohérence aux passages, ainsi qu’une cohésion au groupe et à la communauté.

Le rituel – que nous avons perdu dans nos sociétés occidentales et qui revient progressivement – redonne du sens à la vie et à ses passages. Il est une rencontre avec le sacré, au-delà d’une voie religieuse, dogmatique ou consumériste. Il nous ramène à l’importance de la célébration, du lien aux autres, du soin respectueux à son chemin de vie et aux rythmes de celle-ci.

LE RITUEL ACCOMPAGNE AVEC JUSTESSE LA MATURITÉ DE L’ÊTRE

Cela fait une quinzaine d’années que le rituel prend une place importante dans ma vie. C’est le moment où je suis engagée dans une voie spirituelle dite chamanique universaliste, avec ses rites et ses cérémonies. Cette pratique m’a permis de conscientiser l’importance du rituel pour accompagner avec justesse la maturation de mon être.

En parallèle, j’ai côtoyé des sages-femmes et des doulas qui m’ont aussi transmis des soins rituels de passages et d’accompagnement pour les femmes et les mamans (Soins rebozo, blessing way).

Ma formation en psychothérapie, ma rencontre avec Jodorowsky (à travers ses ouvrages), et mon chemin personnel initiatique m’ont amené à sentir l’intérêt de remettre du sens sur des moments essentiels de la vie en leur consacrant des espaces reconnus et officiels et ainsi à créer des temps ritualisés.

J’ai commencé par proposer des actes rituels lors des accompagnements individuels, puis j’ai élargi cet accompagnement aux femmes. J’ai commencé avec les cercles de femmes, puis le rituel des premières lunes avec des jeunes filles. Et tout cela s’est installée dans ma vie.

LE RITUEL ORIENTE NOS CHEMINS EN QUÊTE DE SENS

Nos sociétés occidentales ont perdu bon nombre de rites, pendant que d’autres sociétés (religieuses par exemple) ou peuples traditionnels ont gardé cette fonction du rite de passage ou de rite initiatique. Néanmoins, on peut percevoir une nouvelle tendance qui redonne au rituel une place de plus en plus grande dans nos chemins en quête de sens. (et je suis créatrice de rituels sur mesure en fonction des demandes (de l’enterrement de vie de célibataire, à l’anniversaire, en passant par la ménopause à la crémaillère) et officiante de cérémonie (baptême païen, célébration d’union, etc.).

C’est ce qui a motivé mon envie d’écrire un article sur le sujet et de vous en dire un peu plus sur la place du rite et du rituel dans le monde et nos psychés.

Qu’est-ce que le rituel dans les sociétés ayant conservé cette pratique ?

C’est une cérémonie consacrée.

Un rite de passage est un rite marquant le changement de statut social ou sexuel d’un individu, le plus généralement la puberté sociale mais aussi pour d’autres événements comme la naissance, la ménopause, le deuil.

Le rituel se matérialise le plus souvent par une cérémonie ou des épreuves diverses.

Il s’inscrit dans un temps différent du temps ordinaire. Un temps suspendu, où l’ordinaire se réorganise, pour se remettre en place différemment.

Le « rite de passage » se distingue du « rite initiatique » en cela qu’il marque une étape dans la vie d’un individu, tandis que le rite d’initiation marque l’incorporation d’un individu dans un groupe social ou religieux : le premier touche indistinctement tous les individus d’un même sexe tandis que le second peut les sélectionner.

LE RITUEL SYMBOLISE LE MONDE POUR LE RENDRE PLUS FAMILIER

Les rites de passage facilitent le lien de l’individu à un groupe et structurent sa vie en étapes précises qui lui permettent d’avoir une perception apaisante de la condition mortelle de l’homme.

Il s’agit de sortes fictions collectives qui ont pour but d’ordonner la nature. En cela, ils participent à la symbolisation du monde pour le rendre plus familier, d’où leur caractère pacifiant et soulageant.

Ils apportent une cohésion sociale, et en transformant ainsi les statuts sociaux de façon prédéfinie, les rites de passage permettent d’éviter les conflits (d’influence, entre autres).

Chaque vie humaine est bercée par le franchissement de plusieurs seuils. Ces grandes étapes-clés de la vie quand elles sont marquées par des rites de passage, cérémonies initiatiques et pratiques d’inclusion, ont pour but d’aider à s’intégrer à la société et d’être reconnu par la communauté.

Ce phénomène est donc un enjeu important pour l’individu, pour la relation entre l’individu et le groupe et pour la cohésion du groupe.

Chaque société opère selon des codes propres à chacune.

LES ANGOISSES ET LES PULSIONS SE RETROUVENT CANALISÉES

D’un point de vue psychopathologique, le rite met en œuvre des procédures d’expressions et de régulations, pulsionnelles et fantasmatiques, codifiées, au service du groupe, plutôt que de laisser la pulsion de mort et les phénomènes pulsionnels prendre possession de façon « sauvage » et pathologique de l’individu en le débordant.

Cette démarche oblige ainsi à mobiliser des mécanismes de défense puissants et archaïques pour arriver, vaille que vaille, à les contenir.

Ce qui revient à dire que le rite est un processus conscient, qui permet d’endiguer les angoisses (de vie, de mort, liées aux lois de la cité, conscientes ou non) toute en favorisant l’expression des pulsions liées à ces angoisses selon la codification culturelle du groupe d’appartenance. De cette manière, ces énergies ne se transforment pas en somatisation, ou en passage à l’acte agressif. Il y a canalisation.

Les angoisses les plus archaïques, notamment incestueuses et mortifères, sont autorisées à se montrer sous la forme d’un langage rituel culturalisé dans un contexte de non-dangerosité pour l’individu et pour son environnement humain.

C’est ainsi que l’on retrouve souvent la présence des dieux et des démons dans la cosmogonie du groupe de référence. Et cette cosmogonie se retrouve dans la représentation interne de la personne : leur place est reconnue et non déniée, pareillement la part d’ombre est reconnue et socialisée.

NOURRIR LE BESOIN D’APPARTENANCE

La civilisation occidentale, elle, a perdu progressivement ces rites et la cohésion du groupe social s’en trouve menacée.

Existe-t-il un lien entre la disparition des rites de passage et la perte de cohésion sociale ? Mais aussi entre l’augmentation flagrante de perte de sens, et de symptômes psychotiques ?

Dans cette société qui n’ose plus fixer les règles du jeu social et où règne l’individualisme, de nombreux jeunes éprouvent paradoxalement le besoin de se donner des critères d’appartenance à un sous-groupe fort et riche de ses signes distinctifs.

Ils utilisent leur corps comme un lieu de transformation de leur être ; eux que leur famille a protégé de la douleur physique et des risques en tout genre n’hésitent pas à marquer leur corps, de signes comme les tatouages ou piercings.

Ils ne reculent pas non plus devant la douleur que ces pratiques peuvent impliquer. La douleur comme le risque sanitaire, est pour eux, comme elle l’était dans les rites initiatiques primitifs, incluse dans le processus de transformation.

Inconsciemment, ils se livrent à un rite d’accession à un groupe.

Mais, contrairement aux rites de passage, ce rituel n’assure pas la cohésion de la société. Il exprime au contraire une défiance envers elle, un refus de s’y intégrer, un rejet de ses valeurs… à moins que ce ne soit le rejet de la perte de ses valeurs.

D’un point de vue plus spirituel et identitaire, les initiations sont une vieille sagesse du monde : passer par quelque chose de très difficile que la personne va vaincre et qu’elle va assumer pour trouver à l’intérieur d’elle un « plus être », une dimension intérieure qu’elle ne soupçonnait pas offre la destruction de ce qui la limite, pour accéder à la puissance de son coeur.

DES INITIATIONS QUI PERMETTENT L’ACCOUCHEMENT DE NOUS-MÊMES.

Le rituel nous dit que c’est dans l’épreuve que nous pouvons grandir.

L’épreuve est nécessaire pour acquérir un potentiel, et exprimer un potentiel plus grand, inconnu encore de nous-même. Ces initiations sont des étapes d’accouchement de nous-mêmes.

On pourrait comparer cela à l’image du cheval et de l’obstacle : c’est en mettant des obstacles plus haut aux chevaux qu’ils peuvent sauter plus haut.

Aujourd’hui, la notion de rituel, sous forme de cérémonie qui redonne une forme sacrée aux passages et étapes de la vie, reprend sa place en dehors de système religieux ou sociétal, bien souvent sur un cheminement de conscience, de soin, de transformation et de maturation, adapté à une époque en mal de sens.

On me contacte pour honorer des passages parfois délicat comme par exemple le besoin de ritualiser la ménopause qui est une véritable transformation dans la vie et le corps d’une femme. Ou encore pour les premières menstruations d’une jeune fille qui a envie d’être accompagnée dans ce moment sensible qui fait changer de statut.

J’ai aussi des demandes pour des évènements plus festifs, comme célébrer des anniversaires avec une intention particulière afin d’honorer la vie, et aussi des proches et ses lignées maternelles et paternelles.

On me contacte aussi justement pour célébrer des unions : ce sont souvent des personnes ne souhaitent pas un mariage civil et ne sont pas religieux (pour un mariage à l’église), qui ont néanmoins envie de s’unir avec des témoins, et solenniser leur amour. Ou, dans le même ordre d’idée, des baptêmes, afin que l’enfant soit présenté et nommé à la famille et au monde, en recevant bénédiction et protection.

Et les rituels autour de la naissance, la venue d’un enfant sont eux de plus en plus connus tel que le Blessing way, le soin rebozo, etc.

La manière dont j’accompagne la mise en place du rituel est adapté à la demande, et donc unique puisque créer en rapport avec l’univers, la sensibilité, les besoins de la personne bénéficiant du rituel.

PRENDRE SOIN DE SOI ET REVENIR AU SACRÉ

La configuration et l’organisation du rituel propose actuellement autant un moment où l’on prend soin de soi qu’un retour au sacré et à la conscientisation d’un processus de passage.

En effet, il rappelle que l’être est sacré et qu’il peut être honoré et célébré chaque jour. Il s’inscrit plus largement dans un voyage intérieur, une quête personnelle.

C’est un processus qui nous reconnecte aux rythmes premiers, et nous invite à retrouver le mouvement naturel de l’énergie pour pouvoir s’y accorder (et non les combattre pour maintenir une performance constante déconnectée du vivant) dans une écoute intérieure.

Si vous avez envie d’en savoir plus sur le sujet, si vous êtes intéressé.e.s par l’expérience, n’hésitez pas à me joindre, nous pouvons en parler.

06 75 93 59 32

Marion Rebérat

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